- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

La rue des Bons Enfants

[1]Des petits pas dandinés. Un air de musette sur les bords de la Marne ou sur les boulevards de la capitale. La java est une danse populaire apparaissant et se développant dans les années 1930. Celle des Bons Enfants fait référence à l’attentat d’Emile Henry commis le 08 novembre 1892. Cinq morts dans un commissariat, une marmite à renversement et des morceaux de poulets partout dans les décombres. La chanson n’a donc pu être écrite par Raymond Callemin de la bande à Bonnot.

Raymond la science embrasse la veuve le 24 avril 1913. C’est d’ailleurs cette année que l’œuvre de Souvestre et Allain connait la célébrité du fait de son adaptation cinématographique. Or il est fait allusion au génie du crime dans la chanson qui préfère attribuer cependant l’explosion à la « lutte des classes » plutôt qu’à « Fantomas ». La Java des Bons Enfants émane d’une facétie du situationniste Guy Debord. Elle apparait une première fois sur le disque Pour en finir avec le travail – chansons du prolétariat révolutionnaire, sorti chez RCA en 1973. Mise en musique par Francis Lemonnier, elle est interprétée par Jacques Marchais et a été de maintes fois reprises.

On peut ainsi la retrouver en 2003 sur l’album Noir … et rouge aussi un peu des Amis de ta femme ou encore sur l’album 71-86-21-36 des René Binamé sorti en 1996. Un an plus tôt, Olivier Cueto en donnait une magistrale interprétation dans le premier des deux cd accompagnant les Ecrits de Jacob chez L’Insomniaque. Ce n’est plus une Java d’ailleurs et quelques passages ont été changés par rapport au texte initial. « On vend tout au plus offrant » devient, par exemple, « Viande à vendre au plus offrant ». Ces passages ont été mis en gras ci-dessous.

La rue des bons Enfants

http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob/wp-content/uploads/artist-la-rue-des-bons-enfants.mp3 [2]

Dans la rue des Bons-Enfants,

Viande à vendre au plus offrant.

Y avait un commissariat,

Et maintenant il n’est plus là.

Une explosion fantastique,

N’en a pas laissé une brique,

On crut qu’c’était Fantômas,

Mais c’était la lutte des classes !

Un poulet zélé vint vite,

Il portait une marmite,

Qu’était à renversement,

Il la retourne imprudemment.

Badaboum !

L’inspecteur, le commissaire,

Mêlés aux poulets vulgaires,

Eclatent en fragments épars. Buvard.

Contrairement à ce qu’on croyait,

Y’en avait qui en avait,

L’étonnement est profond:

On les retrouve jusqu’au plafond.

Dans la rue des Bons-Enfants,

Viande à vendre au plus offrant.

L’avenir radieux prend place

Et le vieux monde est à la casse.

Voilà bien ce qu’il fallait,

Pour faire la guerre au palais,

Sache que ta meilleure amie,

Prolétaire, c’est la chimie.

Les socialos n’ont rien fait,

Pour abréger les forfaits,

De l’infamie capitaliste,

Heureusement vient l’anarchiste.

Il n’a pas de préjugés,

Les curés seront mangés,

Le travail, le pouvoir

Il le nie.

Encore quelques beaux efforts,

Et disons qu’on se fait fort,

De régler radicalement,

Le problème social en suspens.