- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Réponse à rien

[1]La Une du mensuel Réponse à tout annonce, en ce mois de juillet 2009, immédiatement la couleur. Vous suivrez le guide de la chasse au trésor en France : « Il y en a sûrement un près de chez vous ». Mais, de tout évidence, pas à Reuilly.

Après l’effort, le réconfort, éventuellement le vomis éthylique à venir. Vous aurez l’immense privilège de pouvoir délecter un daïquiri, une pina colada ou encore un bloody mary avec ces « vrais fêtards », ces « profiteurs » ou encore ces « has been » que sont les « V.I.P. des nuits d’été ». Pas de kir Jacob bien sûr au comptoir.

Des vacances somme toute bien remplies si vous arrivez évidemment à destination. Aucun soucis sur ce dernier point puisque le « magazine qui enrichit la vie », mais pas forcément la fonction encéphalique et encore moins le portefeuille, vous conseillera les « super plans de dernière minute » en matière de voyage, vous édifiera sur les « arnaques » du dépannage autoroutier et vous permettra de garder vos points de permis grâce à l’achat des meilleurs avertisseurs de radars. Une fois sur place, vous vous allongerez sur un transat, sur une serviette ou sur ce que vous voulez, seul, à deux ou à trois, ou plus si affinités multiples puisque « si je te trompe c’est génétique ».

Là, confortablement étendu, dans la moiteur, la délicieuse moiteur estivale, vous éplucherez consciencieusement l’instructif et généraliste magazine du groupe de presse Alain Ayache, dont les dernières feuilles nous livrent un morceaux de choix. Le dessert avec la cerise dessus. Un bien beau papier sur … les gentlemen cambrioleurs. On vous laisse bien entendu deviner qui joue le rôle de la cerise.

La lupinose a bel et bien de beaux jours devant elle. Mais l’originalité de l’article sur papier glacé tient dans la symétrique chronologie. Si l’un, honnête cambrioleur devant Proudhon et Bakounine, aurait inspiré l’autre ; celui-là, collé du fallacieux amalgame et désormais élevé au rang de maître es pince-monseigneur, de spécialiste incontestable et jamais inégalé du grimage en tout genre, de patrimoine mondial de la cambriole humanitaire, celui-là donc a engendré de nombreux émules. La morale à trois balles est sauve ; les aficionados  de Lupin, exposés à l’étonnement frileux du lecteur à rassurer sur la moralité de nos modernes sociétés, demeurent bien sûr et fort heureusement de « vils cambrioleurs ».

Ce qui ne fait ni avancer le débat ni apprécier une revue coûtant la si peu modique et si peu morale somme de trois euros. Heureusement, nous ne l’avons pas payée. Vacances, j’oublie tout … sauf ceci : Vive les enfants de Cayenne !

Réponse à tout

N°229

Juillet 2009

p.74-76

Etonnant !

Gentlemen cambrioleurs

On a beau être un bandit, rien n’interdit d’appliquer les règles élémentaires de la courtoisie. Arsène Lupin a fait des émules. En témoignent ces histoires vraies où de vils cambrioleurs rivalisent d’attention envers leurs victimes …

Jacob Barricata n°12 [2]Celui qui a inspiré Arsène Lupin

« C’est le plus grand des voleurs, oui mais c’est un gentleman … » Les paroles de jacques Dutronc semblent avoir été écrites pour Alexandre Jacob, cambrioleur anarchiste du début du XXe siècle. De 1900à 1903, il commet près de 500 délits. Il refuse de cambrioler les « professions utiles » (médecins, architectes), se contentant des patrons et du clergé. Un soir, le monte-en-l’air pénètre dans la demeure d’un capitaine de frégate, Julien Viaud. Il se rend alors compte que derrière ce pseudonyme se cache l’écrivain Pierre Loti. Alexandre Jacob remet tout en place et laisse une note : « Ayant pénétré chez vous par erreur, je ne saurai rien prendre à qui vit de sa plume. Ci-joint dix francs pour la vitre brisée et le volet endommagée ». Autre fait d’armes : en découvrant qu’une marquise qu’il détrousse est en réalité criblée de dettes, Jacob laisse 10000 francs – or à sa victime. C’est l’un des malfrats qui a inspiré Maurice Leblanc, le père d’Arsène Lupin.

Plus riche après avoir été volée !

Fin juillet 2002, Jacqueline Boanson se présente à la caisse d’un magasin britannique. Stupeur, sa carte de crédit a disparu. La malheureuse doit se rendre à l’évidence : on la lui a subtilisée. Elle file à sa banque pour vérifier ses comptes. Surprise : au lieu d’un trou dans ses finances, elle constate que son compte a été crédité de près de 500€ ! Le voleur avait utilisé sa carte pour jouer aux courses et empoché la mise. Négligent, il n’avait simplement pas prévu que les gains seraient automatiquement crédités sur la carte bancaire utilisée lors des paris. Andrew Cameron, le délinquant, a été condamné à douze mois de mise à l’épreuve. Jacqueline, elle, a dévalisée les magasins …

voleur [3]Copies de sauvegarde pour l’étudiante détroussée

13 mars 2007. Alice, étudiante infirmière à Toulouse, déjeune dans son appartement du centre-ville. Les mains dans la vaisselle, elle entend qu’on pénètre dans son appartement. Sans avoir le temps de se retourner, elle se retrouve sous la menace d’un couteau. Tarik Boujraoui fourre l’ordinateur et l’appareil photo d’Alice dans un sac. Mais le malfrat fait alors preuve d’un comportement bizarre. Emouvant, le voilà qui se met à raconter sa vie : ses années de prison, son évasion rocambolesque quinze jours plus tôt, ses parents qu’il ne voit plus … Avant de repartir, délicate attention, il propose à sa jeune victime d’effectuer des copies de sauvegarde des fichiers de son ordinateur et de son appareil photo, pour ne pas perde toutes les données. Grand sensible, le récidiviste a toujours mis un point d’honneur à ne pas faire de mal à ses victimes. Il s’est ainsi fait refouler par une grand-mère qui refusait de lui céder 8€ et qui lui avait proposé de l’accompagner au centre social le plus proche !

Jamais devant les femmes et les enfants !

A 15 ans, le Marseillais Bruno Sulak qui est déjà chef d’une bande « qui ne vole pas les pauvres, ne tire pas sur les policiers et respecte les filles ». Roi de l’évasion, Sulak se spécialise dans les braquages de supermarchés. Mais pas à n’importe quel prix. Un jour, une caissière fait une crise de nerfs dans un magasin. Sulak et ses complices repartent aussi sec, les mains vides, pour ne pas la brusquer. Le butin, répète-t-il, ne saurait être un prétexte à la violence. Le caïd renonce aussi à un braquage lorsqu’il aperçoit deux enfants qui jouent près d’une salle des coffres, pour ne pas donner le mauvais exemple. Apercevant une mendiante âgée alors qu’il s’apprête à effectuer un nouveau larcin, il lui achète un bouquet de violettes et lui glisse 10000 francs. Sulak, ennemi public numéro un, téléphonait aussi aux policiers le lendemain de ses forfaits pour commenter ses performances. En 1983, il s’est fait remarquer en attaquant une bijouterie au milieu du dispositif de sécurité mis en place à l’occasion de la visite d’Helmut Kohl, le chancelier allemand.

voleur [3]Un petit message avant de filer

En juillet 2006, Lee Jin sen, un Coréen de 29 ans, entre par effraction dans l’appartement du centre-ville de Tokyo d’une jeune japonaise en pleine nuit. Armé, il oblige la locataire à vider ses bas de laine, lui dérobant 1500€. Sous la force, il la contraint également à lui céder sa carte bancaire et à lui révéler son code. A Tokyo, les distributeurs de billets ne fonctionnent pas la nuit. Il lui faut donc attendre plusieurs heures avant d’utiliser la carte dérobée. Craignant que sa victime n’appelle la police, Lee décide de patienter dans l’appartement jusqu’à l’aube. Pour tuer le temps, le malfaiteur et sa victime font la causette. Cette dernière explique qu’elle a eu très peur. Pour la détendre Lee Jin Sen lui offre alors un massage au niveau de l’épaule. Pendant plusieurs heures. Jusqu’au petit jour, où il prend la poudre d’escampette. Il réexpédiera par la suite la carte bancaire à sa victime par la poste.

Des mots doux susurrés pour faire passer la pilule

« Vous m’êtes très cher », « mon poussin », « ma chérie », c’est en ces termes qu’un bandit croate s’adressait aux caissières qu’il détroussait en décembre 2004. L’homme de 25 ans a dévalisé 26 magasins en 26 mois, toujours selon le même mode opératoire. Très rassurant, il assurait aux vendeuses terrorisées dans un grand sourire amène : « Ce n’est qu’un tout petit hold-up de rien du tout … » Sa gentillesse a d’ailleurs fini par le perdre, les indicateurs de police ayant facilement identifié le malfrat au délicat langage. Gardé à vue, il a en outre reconnu que son pistolet était factice.

Il le dit avec des fleurs

Voilà ce qui s’appelle avoir la peur de sa vie. Et, à 91 ans, ça peut même être fatal pour le cœur. Le 9 octobre dernier, une retraitée anglaise se réveille à quatre heures du matin dans sa propriété d’Halifax, dans le nord du pays, alertée par des bruits suspects. N’écoutant que son courage, elle se lève et se dirige vers le salon. Le cambrioleur entend le parquet craquer et file à l’anglaise, les mains vides. L’histoire aurait dû se terminer ainsi, mais quelques jours plus tard, la grand-mère reçoit un bouquet avec un mot d’excuses, sur lequel le voleur repentant précise qu’il croyait la résidence vide et se confond en excuses pour l’inquiétude et le dérangement causés. A la police, la courageuse retraitée avoue avoir été très choquée mais estime que « celui qui a fait ça a une conscience ».

Pas question de voler le petit personnel

Dans les années 1950, René Girier, dit René la canne, détient le statut peu envieux d’ennemi public numéro un. Perceur de coffres, détrousseur de fourgons blindés, le bandit claudiquant se fait arrêter des dizaines de fois mais parvient toujours à s’évader avec une constance remarquable. Recherché de toutes parts, il cambriole une bijouterie de luxe parisienne, Van Cleef et Arpels, et rafle un butin de 65 millions d’anciens francs. Au nez et à la barbe des services de sécurité, il détrousse aussi le président du conseil, l’équivalent du premier ministre, Edouard Daladier. Constatant qu’une partie des sommes en liquide constituait les salaires des domestiques, Girier les réexpédie sur le champ par la Poste. En prison, il se lie d’amitié avec une visiteuse, la princesse de Monaco, qui en fit par la suite son chauffeur. Retiré des affaires, Girier a par la suite ouvert une librairie à Reims.

voleur [3]Vous avez dit hybristophilie ?

Les criminels ont toujours suscité une fascination érotique auprès des femmes. Cela s’appelle l’hybristophilie.

People et cambriole