- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Dix questions … à Jacques du C.L. Marius Jacob

[1]Nous connaissons depuis belle lurette l’existence de groupes anarchistes portant le patronyme de l’honnête cambrioleur. Celui de la FA est basé sur l’Oise et la Somme. Hommage picard fort probablement au bandit d’Abbeville. A l’aune du 2e millénaire, il y en eut un autre à Marseille. Le Collectif Libertaire Marius Jacob du Périgord se révèle aujourd’hui particulièrement actif. Il organise moult cafés libertaires et autres repas de gueux, des manifestations, des projections de films, des débats, des émissions de radios sur la bande FM, etc. il dispose aussi de son site web [2]. Bref, le drapeau noir flotte au vent de la liberté au pays des truffes et du bolet B. Certains de ses militants ont monté une troupe de théâtre répondant au doux et caustique nom de TGI. Ils sont d’ailleurs en train de répéter une pièce sur … Alexandre Jacob 34777. Le lecteur du jacoblog pourra lire et télécharger, à la fin de cet article, le livret explicatif de la dite pièce qui devrait pouvoir être vue en Dordogne et même au-delà. Mais laissons Jacques, de ce groupe et de cette troupe des gueux insoumis, s’exprimer et répondre à nos questions.

[3]•1) Peux-tu nous présenter le groupe Marius Jacob et son actualité ? Le Périgord est-elle une terre d’anarchie ?

Le Collectif Libertaire Marius JACOB n’est pas une « organisation militante » traditionnelle. Il s’inscrit dans le mouvement anarchiste. Il regroupe des compagnes et des compagnons sur des bases anticapitalistes, antiautoritaires et antiétatistes. Il se réfère à un bouleversement révolutionnaire de l’ordre actuel qui devrait déboucher sur la construction d’une société autogérée dans laquelle les regroupements seraient affinitaires et où les individus seraient libérés du salariat et des rapports de domination. Bien sûr, ces phrases pourraient paraître creuses et totalement empreintes d’idéologie. Cependant, elles me semblent représenter les réflexions qui nous animent. Par ailleurs, nous n’échappons pas à de nombreux questionnements et la somme de nos incertitudes dépasse largement celle de nos certitudes. Au sein du CL, il n’y a pas de pensée monolithique et les débats sont multiples. Pour ce qui est des actions, elles sont proposés par l’unE ou l’autre d’entre nous et chacunE est libre de s’y associer ou non. Les décisions sont prises au consensus. Un veto de l’unE des membres annule une décision.

L’actualité du CL Marius JACOB c’est de s’inscrire dans certaines luttes : contre la répression du mouvement social, contre le système carcéral,… c’est développer des rencontres et des contacts humains à travers des « cafés libertaires » mensuels et un « Repas des Gueux » dans la rue, également mensuel. C’est aussi entretenir des relations avec une association de chômeurs et précaires, suivre de près l’actualité nationale et internationale, avoir une réflexion politique et intervenir lorsque cela nous paraît pertinent, dans la mesure de nos modestes moyens (par exemple concernant la lutte des Sans-Papiers, l’écologie politique radicale, le féminisme, le consumérisme ou la domination marchande…).

Nous avons un site internet http://www.collectif-libertaire.net/ [2].

[4]CertainEs d’entre nous animent une émission régulière sur Radio Périgueux 103 (on peut l’écouter sur le web) : « Faure et Reclus à l’Elysée » et, pendant des années, nous avons présenté une émission d’expression libertaire sur la même radio : « Basta ya ! ». En outre, même si la chorale libertaire initiale n’existe plus, de temps à autres nous réunissons quelques compagnes/compagnons pour des interventions chantées ; cette petite chorale porte le nom de CAF (Chorale Anarcha Fraternelle).

Nous sommes aussi en contact avec d’autres collectifs à une échelle géographique plus large.

Evidemment la présence visible du Collectif Libertaire Marius JACOB à Périgueux ne suffit pas pour qualifier le Périgord de  « terre d’anarchie ». Il est vrai que si elle suscite interrogations dans la presse ou surveillance policière cela tient au fait que depuis plus de trente ans les anarchistes locaux apparaissent de manière continue regroupés dans des structures diverses : Collectif Autonome, Centre d’Animation Sociale et de Documentation Alternatif et Libertaire, CNT, groupe de la Fédération Anarchiste. De plus ces quelques dernières années, de nouveaux/elles compagnes/gnons ont rejoint le CL et, parmi elles/eux, des jeunes gens !

La Dordogne a aussi été une terre de refuge pour de nombreux Espagnols fuyant le franquisme ; beaucoup d’entre eux étaient anarchistes …

[5]•2) C’est quoi le TGI ? Pourquoi interpréter une pièce de théâtre sur Alexandre Jacob ? Comment est née l’idée ?

Le TGI, Théâtre des Gueux Insoumis, regroupe des actrices et acteurs amateurs, dont certaines et certains vont jouer pour la première fois. Le TGI, dénommé ainsi par dérision et provocation, a été créé à l’occasion de la pièce de théâtre « Alexandre Marius JACOB 34 777 ». Tous les membres du TGI, exception faite des jeunes enfants (voir tableau 5 de la pièce), ont à voir avec le mouvement libertaire et ses combats et nombre d’entre eux sont actifs au sein du CL Marius JACOB.

L’idée d’interpréter une pièce de théâtre est née du constat qu’en ces temps difficiles de régression sociale, de répression, d’outrages permanents de la part des « maîtres du monde » et de mise en exergue de « valeurs » qui ne sont pas les nôtres, nous avions intérêt, pour rester debout, à nous faire plaisir à travers un mode d’expression à notre portée dont nous serions les seuls artisans et abordant des sujets nous tenant à cœur et mettant en cause l’ordre social, économique et moral du capital. Evidemment l’idée de faire partager des émotions, de proposer des éléments de réflexion et d’offrir, certes modestement, quelques plages de mémoire, était présente en chacun/e de nous. Il convenait évidemment que cela suscite l’adhésion d’un nombre suffisamment conséquent de compagnes et compagnons, au-delà même des seul/es  militants/tes du CL Marius JACOB. Ce fut le cas…

Nous avons souhaité aborder Alexandre Marius JACOB, tout d’abord parce que nous avions emprunté ce patronyme pour désigner le collectif libertaire local. Le personnage de Jacob n’était pas inconnu aux plus ancien/nes d’entre nous et les deux éditions des « Ecrits » d’Alexandre Marius JACOB par l’Insomniaque, la ré-édition  d’ « Un anarchiste de la belle époque » d’Alain Sergent par les Editions Libertaires et la parution de l’ouvrage historique de Jean-Marc Delpech « Alexandre JACOB, l’honnête cambrioleur » à l’Atelier de Création Libertaire, ont été déterminants dans notre choix. Par ailleurs, certains d’entre nous ayant connu l’enfermement carcéral, l’évidence s’imposait… Et puis, l’admiration (lâchons le mot !) pour le personnage,  son humour toujours présent, même aux pires instants, sa droiture, son courage, sa ténacité…ont créé un sentiment d’empathie faisant fi du temps.  L’inutile et impuissante rage rétrospective  -pourrait-on nous objecter – contre le système du bagne, notre révolte présente contre toute forme d’enfermement et l’extorsion capitaliste permanente sur tous les terrains qu’ils soient individuels ou collectifs ont constitué des éléments importants entrant dans notre décision.

[6]•3) Comment s’organise la pièce sur Alexandre Jacob que vous allez jouer ? Quels ont été les choix à faire dans une représentation forcément limitée dans sa durée ?

Cette pièce est organisée en cinq tableaux. Nous avons prévu une disposition scénique faisant se déplacer le « centre » du tableau dans le sens horaire, le centre de la scène étant occupé par un coffre sommaire contenant les accessoires.

Il est prévu également une version « minimaliste » en terme de matériel permettant de jouer dans la rue, « à l’arrache » en quelque sorte et sans autorisation particulière. Nous espérons pouvoir aussi faire cela…

Pour revenir aux cinq tableaux de la pièce, les choix n’ont pas été faciles à faire.

Nous avons choisi quelques épisodes marquants ou qui nous ont particulièrement émus.

Le premier tableau évoque les derniers instants de JACOB et parle d’amour, cet amour « illogique » entre un homme de 75 ans et une jeune femme de 27 ans que l’ordre moral condamnait alors vivement et condamne encore aujourd’hui, mais plus hypocritement.

Le deuxième tableau est une espèce de vaudeville à propos de la première arnaque spectaculaire à laquelle JACOB a participé, l’affaire du « Mont-de-piété » à Marseille.

L’ordre capitaliste suscitant et encourageant le vol légal était écorné sur un mode comique. Concernant le système du mont-de-piété, et, dans l’actualité, le crédit, les prêts bancaires, taxes diverses, amendes… je m’amuse à vérifier régulièrement ce bon mot de Tristan Bernard : « Il faut prendre l’argent où il se trouve, c’est-à-dire chez les pauvres ! Bon d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a beaucoup de pauvres… ».

Le troisième tableau se veut une représentation de certains « morceaux » du procès d’Amiens, celui des « Travailleurs de la Nuit ». Les répliques sont « énormes », c’est un réquisitoire de JACOB et de ses compagnons contre l’ordre social, contre l’ordre policier et judiciaire. C’est aussi une tribune exceptionnelle pour l’anarchisme et l’illégalisme tendance « reprise individuelle ». La déclaration de JACOB justifiant cette position est un moment fort. Provocation, bravoure pour assumer et disculper les autres inculpés ou minimiser leur rôle franche rigolade…, l’ « acteur » JACOB est époustouflant et le « prix à payer » lui est indifférent.

Le tableau numéro 4 parle du bagne, en particulier de la monstrueuse réclusion cellulaire. Il évoque le sort particulier de JACOB, « individu particulièrement dangereux à surveiller de très très près ». La belle figure humaine du docteur Rousseau est évoquée ainsi que celle d’un autre « réprouvé », Eugène Dieudonné.

Nous avons souhaité inclure une scène, écrite à notre façon, issue de la nouvelle de JACOB « Cervelle à la mode des Iles du Salut », pour alléger l’atmosphère avec un peu d’humour…noir. Enfin le témoignage de l’ancien directeur du bagne le commandant Michel nous semblait important.

Le cinquième tableau renvoie au premier. Ce sont des enfants qui racontent le petit banquet auquel JACOB  a convié neuf enfants du village avant son suicide. Nous avons proposé à deux enfants (une fille et un garçon qui sont tous deux en sixième) de raconter ce « dernier repas »

Les Ecrits de Jacob, réédition 2004 [7]•4) La publication des Ecrits, en 1995 et 2004, a donné lieu à quelques lectures publiques sur Paris et ses environs. Une comédie musicale a été montée à l’occasion du Printemps de Bourges dans les années 1970. Bernard Thomas et Jérôme Savary en ont produit une autre en 2006. La scène est-elle un bon moyen de faire connaître l’honnête cambrioleur Jacob ?

Franchement, je n’ai pas eu l’occasion d’assister à ces diverses manifestations. Cependant, on peut toujours craindre approximations, erreurs, voire détournements, récupérations… Et puis il y a la « logique économique » à laquelle n’échappe pas la production culturelle…

Au TGI nous sommes dans d’autres démarches. L’auto-financement est de mise. Les moyens techniques sont très réduits et de toute manière, d’ores et déjà, nous disposons du matos nécessaire grâce à la solidarité généreuse. Le spectacle sera gratuit. Tout au plus disposerons-nous d’une « boîte » dans laquelle les personnes qui le peuvent et le souhaitent verseront une obole pour la solidarité et la participation aux frais (salles, déplacements).

Pour répondre à la question, je pense que la scène n’est qu’un moyen parmi d’autres pour faire connaître « l’honnête cambrioleur ». Je pense qu’elle peut inciter des gens à vouloir en savoir davantage sur le personnage et à approfondir le contexte historique et politique. Pour cela les livres sont indispensables ainsi que des sites ou blogs « spécialisés » (comme le jacoblog !)

[8]•5) Dans le livret explicatif de la pièce que va jouer le TGI, ni Bernard Thomas, ni William Caruchet ne sont mentionnés ? Pourquoi cet oubli des deux biographes de Jacob ? La transformation de Jacob en héros de roman, en aventurier est-elle si déplaisante que cela ?

Nous avons lu les ouvrages de Bernard Thomas et William Caruchet. J’ai souvent prêté ceux de Thomas à des amis. Cependant, il est évident que les « Ecrits » de JACOB chez l’Insomniaque et évidemment « Alexandre Marius JACOB, l’honnête cambrioleur » de Jean-Marc Delpech  ont apporté une autre vision de Jacob et surtout ont rétabli une vérité historique. A partir de ce moment, il n’était pas possible pour nous de faire appel aux textes de Thomas et Caruchet. Nous souhaitions en effet faire référence à des situations réelles attestées et qu’apparaissent dans la pièce des écrits authentiques. Même si Jacob, au regard des péripéties de sa vie, a l’étoffe d’un personnage de roman, même si son comportement est emblématique de celui du révolté, du réfractaire, il est un homme avec sa sensibilité spécifique et ses engagements particuliers ; cela lui appartient et on ne peut le travestir, voire le trahir.

•6) Cette pièce de théâtre propose une vie de Jacob axée sur le personnage politique. Quelle vision dégages-tu de l’illégalisme et de l’univers carcéral français, considéré par Jacob lui-même, dans sa lettre ouverte à Georges Arnaud,  comme « une vieille barbarie » (Défense de l’Homme, 1954) ?

L’illégalisme apparaît  en France une décennie environ après la répression de la Commune de Paris et l’écrasement du mouvement révolutionnaire. Les temps sont à la lutte acharnée contre le capital. D’ailleurs ce courant chez les anarchistes sera conforté par les conclusions du congrès international de Londres en 1881 où sera encouragée « la propagande par le fait ».

L’illégalisme, tendance de l’anarchisme individualiste, exprimait l’impatience des révolutionnaires qui ne se posent pas la question de savoir si les conditions d’un bouleversement économique et social sont remplies pour passer à l’action… Ils voulaient d’abord exprimer leur révolte en espérant peut être qu’ils seraient imités jusqu’à l’embrasement général. Leur polémique avec le courant anarcho-syndicaliste est intéressante et des points de convergence existent dans l’analyse de la situation politique colonialisme, militarisme, oppression économique, ordre moral, religion…) et même au niveau des moyens d’action (sabotage, actions violentes, représailles…). Il  ne serait pas dénué d’intérêt de comparer « Le culte de la charogne » d’Albert Libertad avec « Le père Peinard » d’Emile Pouget. Il serait indécent de vouloir porter un jugement sur la pratique illégaliste comme mode de transformation révolutionnaire. Tout au plus, on peut dire que l’évolution du capitalisme avec le développement bancaire, l’argent virtuel, les grands organismes financiers semble, à présent, disqualifier en terme d’efficacité ce moyen d’action. L’illégalisme, pratiqué à grande échelle, par le capital lui-même, certes dans un but différent, parvient même à surmonter les crises et revers qu’il génère, pourvu que les plus pauvres paient les pots cassés… Je crois aussi que la distinction entre les individualistes et les organisés n’a plus la même importance, ni la même résonance ; il convient d’agir, à quelque niveau et sur quelque plan que ce soit, pour mettre en cause un monde dont on ne veut plus rien.

[9]La question carcérale est toujours aussi préoccupante qu’à l’époque de JACOB. La barbarie ancienne a fait place à une nouvelle barbarie, électronique, technologique, hygiénique. Certes le bagne a disparu mais les peines incompressibles, peines de sûreté, peines planchers sont présentes, la torture blanche liée à l’isolement (la suppression en 1981 des QHS a laissé place en 1982 aux QI : quartiers d’isolement) est de mise, la peine de mort a été remplacée par les nombreux suicides en cellule, les prisons pour mineurs fonctionnent. Comment qualifier les « soins médicaux » ?… Et les centre de rétention administrative dont on voudrait nous faire croire qu’ils ont vocation humanitaire !

Les formes de la barbarie évoluent mais il reste indispensable de crier avec JACOB, à la fin de sa lettre à Georges Arnaud (inquiété dans l’affaire du crime d’Escoire, petite commune à proximité de Périgueux) : « A bas les prisons, toutes les prisons ! »

•7) La vie de Jacob peut aussi retenir l’attention de par l’ampleur des réseaux de relation tissés autour de sa personne. Quels sont les personnages qui interviennent dans la pièce de théâtre ? Pourquoi eux ? Ont-ils une valeur propre ou bien ne servent-ils que de faire valoir à l’honnête cambrioleur puis honnête bagnard ?

Dans la pièce de théâtre, outre JACOB, d’autres personnages interviennent. Certains comme sa mère, comme Josette Passas, le docteur Rousseau… , par exemple, auraient eux-mêmes pu faire l’objet d’une pièce :

– Josette Passas, dernière compagne de JACOB sa cadette de près de cinquante ans est un lumineux rayon de bonheur dans la vie finissante  de l’ex-matricule 34 777.

– Le  docteur Rousseau, médecin du bagne, qui écrira un ouvrage de dénonciation dudit bagne avec l’aide de JACOB dont il deviendra l’ami (et qu’il qualifiera de « parfait honnête homme ».

– Marie BERTHOU/JACOB, la mère de JACOB qui fit preuve d’une ténacité et d’un acharnement admirables pour obtenir la libération de son fils et son retour en France. Mère aimante, inquiète, mère-courage…

Ces femmes, cet homme ont une importance propre en relation avec JACOB. Cependant nous avons choisi de centrer la pièce sur son personnage, de sorte qu’ils apparaissent comme secondaires, annexes et semblent peu importants. Ils sont cependant essentiels à bien des égards, avec d’autres, dans la vie de l’homme et dans son combat. C’était difficile, dans le cadre d’une pièce de théâtre d’élargir le champ des personnages. J’ai bien conscience d’une sorte d’injustice. Evidemment, c’est plus facile dans un livre.

Une précision : le personnage de Jacob est joué à la fois par des actrices et des acteurs au cours de la pièce, selon les tableaux. Nous avons voulu donner ainsi à JACOB une dimension non-conventionnelle.

[10]•8) Cette pièce ne va-t-elle se jouer qu’en Périgord ? Outre le livret qui l’accompagne, y-aura-t-il d’autres « produits dérivés » comme une vidéo par exemple ?

Nous espérons jouer cette pièce au-delà du Périgord. D’ores et déjà, nous avons des possibilités sur Bordeaux. Il n’est pas non plus impossible que nous la présentions en région parisienne, pourquoi pas, par exemple, dans les vastes locaux  de l’Insomniaque, à Montreuil. En outre, il ne paraît pas saugrenu que des groupes anarchistes nous invitent dans différentes villes…

J’aimerais pour ma part qu’une vidéo soit réalisée. Cela semble d’autant plus possible qu’un de nos compagnons intervenant dans la pièce est réalisateur. Cependant, nous ne l’avons pas encore sollicité en ce sens.

•9) La chanson Merde à Vauban, écrite par Pierre Seghers, vient illustrer la triste et lamentable vie du forçat Barrabas. La chanson anonyme Le transporté sert également de support. Pourquoi ces deux œuvres ? Et pas celle plus populaire parmi les hommes punis du chant de l’Oraput ou encore celle d’Albert Londres sur l’évasion du bagnard ? Ces deux morceaux constituent-t-ils des accroches pour le public ?

La réponse est triviale. Nous disposions de la musique de ces deux chansons. De plus « Merde à Vauban » se prête  particulièrement à l’harmonie en chorale et la chorale libertaire l’avait souvent chantée par le passé. Et puis l’île de Ré, porte du bagne, et puis Vauban, sinistre pourvoyeur d’ouvrages militaires devenus autant de lieux d’enfermement et de souffrance.

La chanson anonyme « Le transporté » est d’autre part terriblement expressive quant aux conditions de survie au bagne, à la psychologie et aux comportements qu’il génère. Son air lancinant nous pénètre.

[11]•10) On présente souvent, même dans les milieux libertaires, Alexandre Jacob comme l’inspirateur de Maurice Leblanc. Nous tentons dans l’Honnête cambrioleur de démonter les mécanismes de ce mythe lupinien. Jacob est-il le gentleman cambrioleur ? Peut-on éviter réellement Lupin lorsqu’on évoque les Travailleurs de la Nuit ?

Les arguments exposés dans « L’honnête  cambrioleur » sont très convaincants et je ne me prive pas désormais d’avouer ma méprise initiale en invitant mes interlocuteurs à lire l’ouvrage en question. Oui Lupin est un égocentrique fasciné par le fric, les paillettes, l’aristocratie. Il ne crache pas dans la soupe en se moquant du monde dans lequel il évolue puisqu’il en apprécie les valeurs et les codes. De plus, il est nationaliste…

Jacob n’a jamais trahi son milieu d’origine, c’est un révolutionnaire, généreux. S’il met les rieurs de son côté, c’est parce qu’il existe une connivence entre le voleur et les victimes (exploitées/volées) des volés par Jacob. Les cibles de Jacob sont claires : les personnages de pouvoir (économique, militaire, religieux, politique).

Quelques points de similitude seraient dans le caractère spectaculaire des cambriolages ou des mises en scène, leur technique aboutie…

Il est vrai que régulièrement l’évocation des Travailleurs de la Nuit entraîne encore, y compris dans les milieux libertaires, une réponse faisant référence à Maurice Leblanc et à son personnage, Arsène Lupin. Je pense que Thomas et Caruchet y sont pour quelque chose, d’où l’intérêt de lire d’autres ouvrages…

Bref, le dandy arnaqueur n’a rien à voir avec l’anarchiste  auquel la société fera payer cher ses atteintes à la propriété privée…

Le livret explicatif de la pièce de thèâtre Alexandre Jacob 34777 est en téléchargement ci-dessous. Suffit de cliquer soit sur Alexandre Marius Jacob, soit sur le feuillet. 🙂

Alexandre Marius Jacob [12]
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