- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Roussenq en Déodatie

[1]Vosges Matin, 09 novembre 2009

Prochaine Conférence Budé

Paul Roussenq anarchiste bagnard

Le personnage que va présenter Jean-Marc Delpech lors de la prochaine conférence Budé est un bagnard, bête noire de l’administration pénitentiaire. Le matricule 37 664 détient le record de jours passés au cachot (l’équivalent de 11 ans !) au bagne de Cayenne.

Avant cela, ce garçon du Gard né en 1885 avait fait parler de lui. Voleur, vagabond et anarchiste, il a 16 ans lorsqu’il découvre la Justice. Plusieurs condamnations plus tard, il jette un morceau de pain dur au visage de l’avocat général. Il écoulera de cinq années d’enfermement pour outrage.

Suivent, dès octobre 1907, vingt mois dans un régiment disciplinaire en Tunisie : rétif à l’autorité militaire, Roussenq multiplie les provocations, brûle son uniforme, tente d’incendier sa cellule. En 1908, il est condamné à 20 ans de travaux forcés. « Avec le principe du doublement de la peine, c’est l’équivalent de la perpétuité… » souligne l’historien.

Janvier 1909, il pose le pied sur le sol de Cayenne. Il y restera près de 24 ans, cantonné avec les autres anarchistes aux îles du Salut. Paul Roussenq ne s’y assagira pas : refus de travail, outrages, tentative d’évasion… « Il va tout faire pour gripper la machine administrative, souligne Jean-Marc Delpech. La gripper en piégeant sa logique administrative. » Albert Londres s’intéressera à son cas en 1923 et le Parti Communiste parviendra à faire sortir le bagnard dans les années 30. Refusant le piège de la propagande et de la manipulation, Roussenq s’éloigne du parti, continue sa vie d’errance, écrit ses mémoires, et se Suicidera en 1949. Pour le conférencier, Paul Roussenq est un personnage « extrêmement actuel ; il fait partie de l’histoire sociale, culturelle, politique et coloniale de la France. »

Conférence Budé « L’enfer guyanais et carcéral de Paul Roussenq » par J-M. Delpech, vendredi 13 novembre à 17h15, amphithéâtre du lycée Jules Ferry. Entrée libre.