- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Gloup ! Gloup ! Jacob !

Noël Godin à Fontenoy la Joute (54) [1]Georges Le Gloupier est recherché, traqué, surveillé par toutes les polices de France et de Navarre, d’Outre-rhin, d’Outre-manche, d’au-delà l’Escaut de la Meuse et de la Sambre. Par Interpol aussi. Il a réduit aujourd’hui considérablement le nombre de ses sympathiques, drolatiques et crémeux attentats pâtissiers. On ne compte plus les célébrissimes victimes de Noël Godin. Le 18 mars 2006, Alexandre Jacob sert de signal à l’auteur de Crème et châtiment et de Anthologie de la Subversion carabinée pour un septième acte de propagande par le fait et par la tarte à la crème à l’encontre de ce grand phare de la médiatique pensée à col ouvert et ouverture d’esprit étroite qu’est l’inénarrable Bernard Henri Lévy. Et, même si le mythe lupinien a la vie dure, la relation que fait le magazine Plan B de la croquignolesque  agression commise au salon du livre de Paris a de quoi en faire sourire plus d’un. Gloup ! Gloup !  

le Plan, logo [2]Plan B

N°3

Juillet – septembre 2006

PlanB Littéraire

Comment entarter un BHL ?

Le 18 mars 2006, BHL essuyait une septième volée de crème chantilly alors qu’il dédicaçait son 29e livre raté au Salon du livre de Paris. Noël Godin, dit l' »entarteur », dévoile au Plan B la technique de l’attentat pâtissier.

J’avais appris quelques heures auparavant que ce serait impossible : il est tout à fait sur ses gardes, puisque je vais signer mon livre non loin de lui, au stand Flammarion, juste en face. Comme on peut s’y attendre, dès que je fais mon entrée au salon du livre, je suis suivi. Le stand Flammarion est surveillé, mais il n’y a pas le moindre mouvement susceptible d’attirer la méfiance. On ne suspecte rien de trouble. Ceux qui viennent m’embrasser ont l’air extrêmement convenables. Pas de remue-ménage dans les coulisses du stand. Dès lors, Bernard-Henri est rassuré. Ils sont venus avec cinq gardes du corps personnels, herculéens. Il y a en plus la sécurité du Salon et des gorilles engagés par Grasset pour que tout se passe bien. Ca fait beaucoup de monde autour de lui. Mais il va bien devoir s’ouvrir sur l’extérieur, puisqu’il vient signer un livre. Et il y a une file immense, composée avant tout de vieilles toupies.

Il s’agit alors d’accueillir une trentaine de complices qui ne se connaissent pas entre eux. Il faut donc qu’ils puissent se reconnaître sans éveiller la moindre méfiance. Astuce : ils arrivent les uns après les autres au stand de l’Âge d’homme, mais il va s’en dire que tout mouvement d’allée et venue à un stand situé à proximité du stand de Grasset est suspect : on pourrait détecter qu’il se passe quelque chose de bizarre. L’astuce, c’est que nous improvisons un cocktail sur ce stand. Quand un comparse arrive, il donne le mot de passe : « Vive Marius Jacob » – Marius Jacob a servi de modèle à Arsène Lupin, c’est pour moi l’anarchiste le plus imaginatif qui ait jamais sévi. On leur remet un petit verre dans une main et un sac dans l’autre, avec une tarte à la crème dedans. Ce n’est pas un sac Flammarion, pour ne pas attirer l’attention, mais les sacs Gallimard, des sacs Le Seuil.

« Gloup ! gloup ! »

BHL entarté [3]Les hordes d’assaut s’enflamment en picolant, font connaissance. L’ambiance monte et petit à petit, comme il est souvent arrivé en cas de gloupinade(1), les attaqueurs ne doutent de rien, malgré les lunettes noires des gardes du corps et l’ambiance pesante autour de BHL. Ils arrivent tout décontractés, en bandes. Petit signal, et la première vague d’assaut à la Spartacus déferle sur le stand. Gloup ! gloup ! Et comme ils sont bien vingt-cinq, la sécurité est débordée. Une pétroleuse nommée Bérénice arrive jusqu’au faciès de Bernard-Henri et poum ! De plein fouet. D’autres tartes l’atteignent ailleurs. Il va se changer et décide de ne pas se laisser désemparer et de continuer. La sécurité se renforce. Il a pu signer un ou deux livres, pas plus. Il revient totalement débarbouillé, beaucoup mieux protégé, reprend l’opération de signature. A ce moment la seconde vague d’assaut gloupinesque arrive aussi promptement, et chorégraphiquement. Boum ! Nouveau dépassement total des gardes du corps. Echange de coups. Mais notre secret une fois de plus, c’est le nombre : on est bien plus nombreux qu’eux. Donc le voilà absolument constellé de chantilly. Cette fois, il part pour de bon, il a signé trois livres. BHL fera savoir au directoire de la foire du livre quarante-huit heures après qu’il les tient pour personnellement responsables de ce qui s’est passé, et leur déclare tout net qu’il ne mettra plus jamais les pieds de sa vie dans leur salon : nous l’en avons donc chassé à tout jamais. C’est merveilleux.Noël Godin [4]

Notes :

(1) Noël Godin se déclare « porte-parole de Georges Le Gloupier », entarteur de nombreux Trissotin. D’où le célèbre cri de guerre de l’Internationale pâtissière, « Gloup ! gloup ! », qui sonne comme le glas aux oreilles de BHL.