- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Vols à Cherbourg

affiche publicitaire début XXe siècle [1]Les vols Laurens et Pontaumont sont l’œuvre de Jacob, Ferré et Ferrand. Nous ne savons pas qui accompagne le premier, trois mois plus tard, pour le cambriolage des demeures du contre-amiral de la Noë et du contrôleur général de l’administration de la marine Adam. Il est fort probable que Bour ait remplacé Ferrand dans cette deuxième tournée des Travailleurs de la Nuit sur Cherbourg. Léon Ferré pourrait être toujours présent. L’enquête du commissaire Piglowski révèle que les voleurs se fournissent sur place en matériel de temps à autres. Dans le cas de la villa de Mme de Pontaumont, un tournevis acheté en quincaillerie fut nécessaire à l’entreprise délictueuse. Alain Sergent rapporte qu’après avoir dévalisé la maison du contre-amiral de la Noë, au mois de décembre 1902, Jacob aurait assisté, de la terrasse d’un café, à la découverte du cambriolage commis chez Mme de Pontaumont. Et le biographe d’expliquer cela par un outil, fruit de l’imagination de l’anarchiste, permettant de fermer soigneusement les portes sans que l’on ne voit trop l’effraction commise. Pour probable que soit cette croustillante anecdote, aucun élément dans la presse de l’époque ne vient étayer les dires de Sergent. Mais les journaux ne mentionnent pas, il est vrai, que Jacob a en outre subtilisé chez de la Noë un longue-vue, qui lui fut fort utile lors de la chasse à l’homme engagée après la mort de l’agent Pruvost à Pont Rémy le 22 avril 1903, épisode que l’on retrouve dans les Souvenirs d’un révolté.

 

LA VIGIE DE CHERBOURG

JEUDI 2 NOVEMBRE 1902

Vol important

Mme de Pontaumont, propriétaire, rue de l’Alma, vient d’être victime d’un nouveau vol avec effraction. Profitant de ce que cette dame se trouvait en villégiature à Périers, des malfaiteurs se sont introduits chez elle à l’aide de fausses clefs. Apres avoir fouillé tous les meubles, forcé toutes les serrures, ils se sont retirés en emportant l’argenterie et les objets précieux qu’ils ont pu trouver.

M. Piglowski, commissaire de police, a ouvert une enquête et ne désespère pas d’arri­ver à la découverte des audacieux voleurs. On a remarqué que ce vol a été accompli exactement de la même manière et dans les mêmes circonstances que la précédente. C’est là une constatation qui a son importance.

Le vol de la rue de l’Alma

L’enquête au sujet du vol de la rue de l’Alma se poursuit activement. M. Piglowski, dont nous avons plusieurs fois déjà apprécié la perspicacité dans les affaires de e genre, espère toujours arriver la découverte des hardis malfaiteurs.       

 

LA VIGIE DE CHERBOURG

JEUDI 9 NOVEMBRE 1902

Le vol de la rue de l’Alma

L’enquête; habilement conduite par M.Piglowski a amené à la découverte de l’origine du tournevis abandonné par les voleurs chez Mme de Pontaumont. Ce tournevis a été vendu par Mr Lucas, quincaillier, rue du Port, à un individu qui lui a fait l’effet d’un déballeur ou d’un forain, mais qu’il ne commit pas. Voilà tout ce que l’on sait. Le signalement de l’homme au tournevis a été lancé dans routes les directions.

 

LA VIGIE DE CHERBOURG

DIMANCHE 21 DECEMBRE 1902

Toujours les cambrioleurs

Deux nouveaux vols avec effraction ont été commis cette nuit dans le quartier de la rue Hélain. Les cambrioleurs, après avoir force et fouillé tous les meubles, se sont retirés en em­portant les objets à leur convenance. Une enquête est ouverte.

 

Procès d’Amiens

4e audience

Samedi 11 mars 1905

Vol à Cherbourg

A la suite d’une tentative d’effraction commise dans la nuit du 26 au 27 septembre 1902 au domicile de M. de Laurens, rue de l’Alma, n° 28, à Cherbourg, une surveillance avait été établie par la police dans cette rue. Vers 11h30 du soir, dans la nuit du 27 au 28, le commissaire de police était avisé par M. de Pontaumont, demeurant au n° 30 de la rue de l’Alma, qu’il ne pouvait ouvrir la porte de son domicile. Cette porte avait été forcée a l’aide de pesées qui avaient arraché la gâche. Des voleurs, ensuite, s’étaient introduits dans la maison, et en avaient emporté divers bijoux. Au deuxième étage, notamment, une malle avait été fracturée. Dans une pièce se trou­vait deux armoires, l’une, contenant du linge, ne fut pas touchée; l’autre, renfermant de l’ar­genterie, fut forcée et vidée. Dans cette armoire se trouvaient de nombreuses pièces d’argent qui furent enlevées. Pour ne pas s’encombrer les malfaiteurs avaient démonté les salières, les sucriers et les moutardiers; ils avaient laissé le cristal et emporté seulement la monture en argent.

Jacob, qui se dénonce comme étant l’auteur de ce vol, avait donné des détails précis sur les meubles, la couleur de la porte de l’hôtel de Pontaumont qui furent reconnus exacts.

Ce vol, d’après Ferrand, a été commis immédiatement après celui de M. Pougheot a Caen. Un porte-monnaie venant de chez Mm. de Pontaumont fut saisi rue Leibnitz. Mme de Pontaumont dépose. Le vol fut considérable.

-Vous avez pris votre revanche, Jacob, de votre échec chez M. Pougheot?

– Oh! une revanche! Madame est noble et riche; c’est une ennemie.

– Vos réflexions sont insolentes, dit M. le procureur général.

– Insolentes, réplique Jacob. C’est tout ce que vous trouvez pour excuser votre conduite. L’auditoire murmure. (…)

longue vue [2]Vols à Cherbourg

M. Aubry de La Noé, contre-amiral, demeurant à Paris, était informé dans les derniers jours de décembre qu’une maison1ui appartenant à Cherbourg avait été cambriolée. Des cuillers en argent, des couteaux à dessert, des toiles, des aquarelles et une gravure ­avaient été enlevés. Les voleurs, avaient soustrait également divers bijoux. Ils avaient laissé sur place l’étoffe d’ un écran de vieille soie japonaise qui avaient été arraché de son cadre. Ce qui ­pouvait laisser supposer qu’ils avaient été dérangés.

A la même époque et dans la même ville un vol à peu près identique était commis au préjudice de M. Adam. Le 19 décembre 1902, Mm. Bolboeid se rendait au domicile de son père, M. Adam, contrôleur général de l’administration de la marine à Cherbourg, qui se trouvait à Rochefort. Elle apercevait que depuis sa dernière visite, qui remontait à quelques jours, des malfaiteurs s’étaient introduits chez son père. A l’aide de pesées, la gâche de la porte d’entrée avait été arrachée. Dans le bureau de M. Adam, le tiroir de la table avait été fracturé et le contenu jeté à terre. Il en avait été de même du secrétaire. Dans la salle à manger, le buffet avait été ouvert et le contenu répandu sur le sol; à terre avait été abandonnée une cuiller en métal qu’on avait brisée pour s’assurer de sa valeur. Deux placards avaient été ouverts à l’aide de fausses clefs. Au premier étage, la porte d’une chambre ainsi qu’une armoire à glace avaient été fracturées. II en avait été de même de la porte d’une chambre donnant sur le jardin. Les malfaiteurs étaient sortis par la porte d’entrée.

Jacob s’est reconnu l’auteur des vols de La Noe et Adam. Plusieurs des objets provenant de ces vols ont été saisis chez lui et reconnus par les victimes.

 

Sources :

         Archives de la Préfecture de Police de Paris, EA/89 : dossier de presse « La bande sinistre et ses exploits »

–     La Vigie de Cherbourg, 2 et 9 novembre, 21 décembre 1902