[1]Suite à votre courrier, répondant à votre demande, voilà ce dont je me souviens de l’invitation du repas de midi chez Monsieur Jacob Marius.
Monsieur Jacob nous attendait donc chez lui, il avait dressé une grande table avec nappe blanche, assiettes, couverts, comme pour des grandes personnes alors que nous n’étions que des gosses. Son inséparable compagnon, le chien noir était de la fête également. Aucun de nous avions peur car il était très doux.
Pour le repas, je me souviens qu’il avait fait une purée assez liquide avec du boudin noir, et en boisson il nous avait acheté des bouteilles de limonade, qui ont été vite consom-mées car nous ne connaissions pas cela chez nos parents. Elle avait été tellement appréciée cette limonade que nous avions terminé le repas à l’eau.
Le repas terminé, il nous promena dans sa voiture dans tout le village en prenant soin de klaxonner devant les maisons des parents de chaque enfant invité.
[2]Il nous ramena chez lui et là nous nous sommes quittés en le remerciant. Parmi les enfants qui avaient été invités, je me suis rendu compte qu’il les avait choisis parmi les familles les moins aisées.
Lorsque nous apprîmes son décès – qui était un suicide – le lendemain et il avait pris soin de piquer son chien, les gens du village effrayés par ce geste y allaient de leur réflexion : quelle chance que tous ces enfants invités la veille n’aient pas été empoisonnés.
Nous étions tellement en confiance avec lui que nous ne pensions pas du tout à cela vu la gentillesse qu’il nous avait témoignée ce jour là.
Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire à son sujet.
Reuilly
Le 21/04/2001