- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Jacob LAW et les bagnards anarchistes

Jacob Law [1]Jacob Law est un des rares bagnards dont les mémoires mentionnent l’existence du forçat 34777. Mais sa vision d’Alexandre Jacob tranche sensiblement avec celle donnée par Dieudonné, Belbenoit ou encore Mesclon. Nous reprenons ici les éléments biographiques donnés dans la réédition (chez Egrégore, 111 p., 2005) de son 18 ans de bagne, paru originellement en 1925 aux éditions de l’Insurgé à son retour de bagne. L’homme est un inconnu des historiographies établies (il existe pourtant un dossier Law aux Archives de l’Outre Mer et à celles de Fontainebleau). Né à Balta en Transnistrie, il a fui les pogroms lorsqu’il était enfant. Il vécut deux ans à Odessa avant d’émigrer en 1905 à New York. Il tente sa chance à Liverpool puis s’installe à Paris. Law dit être devenu anarchiste en lisant à Odessa un poète anarchiste yiddishophone, David Edelstadt. Il est condamné à 15 ans de travaux forcés en Guyane pour avoir, le 1er mai 1907, vidé le barillet de son revolver sur les forces de l’ordre Place de la République. Il revient du bagne en 1925 et fait paraître son livre de souvenirs qui, s’il ne bouleverse pas le genre littéraire, n’en offre pas moins une vision particulièrement négative de ses coreligionnaires anarchistes aux îles du Salut. Seul, Clément Duval, qu’il n’a pourtant pas connu, trouve grâce à ses yeux (p. 90 : A part Duval, aucun n’a vécu là-bas en anarchiste). Nous ne savons pas les raisons de cette aigreur. Toujours est-il qu’après la parution de son ouvrage Law est expulsé de France et que nous ignorons comment il finit ses jours. Il parait assuré qu’il soit retourné en Europe de l’Est mais là il a du affronter les sévices du stalinisme. Son livre, au-delà d’un ego surdimensionné fort compréhensible du fait des souffrances carcérales endurées, n’en constitue pas moins une source importante sur l’enfer de la Guyane.

18 ans de bagne, éditions de l\'Insurgé, 1925 [2]p.80 : J’ai toujours été martyrisé. Déjà, en 1911, ayant subi une piqûre de quinine mal faite, et un décollement s’étant produit, le major Guillem voulut me couper la jambe gauche. C’est l’infirmier Bour qui avait mal fait cette piqûre. Et c’est grâce aux soins de l’infirmier Manda que j’ai été sauvé.

18 ans de bagne, éditions Egrégores, 2005 [3]

p.85 : On peut dire que Deboé a vendu l’Anarchie pour un plat de lentilles …. Voilà l’histoire d’un homme qui n’a pas voulu sacrifier son bien-être et qui a tout fait pour aider la surveillance.

Un bagnard, dessin de Georges Jauneau [4]p.105-108 : J’ai cru trouver des hommes, de sentiments élevés, sachant faire entendre les cris de leur cœur, mais hélas, je n’ai trouvé que des faibles semblables à ces « anarchistes » de la Guyane dont je veux rappeler ici les hauts faits et la noble destinée :

Bour, anarchiste, qui s’est suicidé, à la Réclusion, à l’île Saint Joseph. L’homme qui a toujours servi l’administration. C’est le camarade d’affaires de Jacob. Il a été frappé en ma présence, en 1911, par un camarade qu’il avait dénoncé, Rica-Patelli. Il a fait le domestique pendant des années, pour la surveillance.

Jacob, faisait l’homme terrible en arrivant, pour « paraître », il a fait plusieurs tentati-ves d’évasion, puis, ne réussissant pas, il a pris le parti de se plier, et pendant des années, il a fait le domestique de la surveillance : garçon de famille de M. le Chef du Centre.

[Suivent les noms de : Dugulfroix, Genrot, Rodriguez, Deboé, Medge et Cottoy] Voilà la forte personnalité de quelques soi-disant anarchistes, au bagne. Dieudonné, seul, a su vivre seulement par son travail, sans porter préjudice à ses camarades du bagne.