Atelier de création libertaire Les éditions Atelier de création libertaire          1979-2024 : 45 ans de culture libertaire
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Tous nos titres



Pour en savoir plus

 



Pratiques collectives - Pratiques du collectif
Table des matières et résumés

Présentation
Isabelle Felici

Entre théorie et militantisme

Du pouvoir instituant des pratiques collectives contestataires en démocratie
Sabine Collardey

La vie démocratique est ponctuée d’initiatives collectives visant à contester des modes d’action jugées non légitimes pour en instaurer d’autres, censées être mieux à même de réaliser l’autonomie des individus. Ces pratiques collectives sont ici abordées à partir de la question générale des relations existant entre les individus et le collectif ou le monde social. Sont confrontées et présentées schématiquement les deux grandes conceptions classiques de ce rapport que sont l’individualisme et le holisme puis, en s’opposant à une vision reçue selon laquelle l’individualisme, au moins dans sa version libérale classique, serait progressiste, là où le holisme serait conservateur, est défendue l’idée selon laquelle une conception holiste du social est mieux à même de formuler à la fois la possibilité et la nécessité de pratiques collectives contestataires initiatrices d’autonomie que ne l’est la position individualiste.

Les espaces de construction du collectif. La normalisation des squats. Le rôle de la Convention d’occupation précaire dans les mutations de l’organisation sociale de l’association Curry Vavart
Margot Verdier

À la fin des années quatre-vingt-dix, une partie des squats occupés par des artistes se mobilisent pour régulariser leur situation. Les négociations qu’ils mènent aboutissent à la signature de Conventions d’occupation précaire (COP) autorisant l’usage temporaire de ces espaces sous certaines conditions. Les squatteurs revendiquant la «  portée politique  » de cette expérience transgressive associent l’institutionnalisation à une normalisation. Le texte interroge les effets des COP sur l’organisation sociale des collectifs qui les contractent et montre que cette normalisation procède d’une co-construction  : l’institutionnalisation s’inscrit dans la démarche corporatiste d’un groupe animé par une volonté légaliste qui, en négociant ses marges de manœuvre vis-à-vis des contraintes imposées, alimente une formalisation continue de son activité, de ses règles et des rôles de ses membres. La recherche s’appuie sur une enquête ethnographique conduite entre avril 2014 et février 2015 au sein de l’association Curry Vavart qui occupe plusieurs espaces conventionnés dans Paris.

Réflexions sur la participation dans des groupes à prétention antiautoritaire  : le cas du lycée expérimental de ­Saint-Nazaire
Américo Mariani

Participer, prendre part, faire sa part, questions épineuses quand ni l’intérêt immédiat ni la hiérarchie ne sont là pour obliger. Au-delà des ritournelles classiques, «  c’est toujours les mêmes qui s’y collent  », «  y’en a qui ne font jamais rien  », comment appréhender la question de la participation/non-participation ? Il s’agit ici de penser l’investissement dans le collectif à partir de l’étude du lycée expérimental de Saint-Nazaire. Cet investissement sera considéré comme un avoir-part et par là comme une dimension éminemment politique, qui implique de réfléchir la question des espaces de paroles et de subjectivation. Cela nous conduit à imaginer une pratique dissensuelle du faire ensemble.

Pratiques collectives  : à la (re)découverte du passé

Les sociétés de secours mutuel en Italie à la fin du XIXe siècle

Carolina Simoncini

Cet article porte sur la structure, les caractéristiques et les objectifs des sociétés de secours mutuels italiennes de la deuxième moitié du XIXe siècle, nées de façon spontanée pour défendre les intérêts économiques et sociaux des travailleurs sur la base d’un principe de solidarité mutuelle et pour offrir aux familles des travailleurs des services d’aide sociale que l’État n’était pas à même de garantir. Au fil du temps, ces organismes se sont donné des règles de plus en plus rigides qui ont abouti à l’introduction de structures hiérarchiques. Le développement des sociétés de secours mutuel a parfois été encouragé par des membres des classes sociales les plus aisées car la possibilité d’aider les travailleurs permettait aussi de les contrôler et de limiter les révoltes.

Les associations de remanescentes de quilombo et l’idée d’un nouveau collectif
Marcilene Silva Costa

Grâce à la constitution de 1988, qui prévoit l’émission de titres de propriétés collectives de terres pour les habitants des communautés de descendants de Noirs marrons, l’application de politiques multi­culturelles au Brésil a fini par toucher les Noirs vivant en milieu rural. Dans ce cadre, revendiquer les terres comme communautés de descendants des quilombos signifie assumer et valoriser un ensemble d’idées et d’actions impliquant des «  caractéristiques ou composants ethniques  » et correspondant à l’idéal du mode de vie quilombola. L’idée de vivre collectivement est primordiale pour montrer qu’on a droit à la terre en tant que groupe ethnique différencié de la société environnante. Ce texte interroge la façon dont les habitants de ces communautés mobilisent les discours relatifs au mode de vie collectif quilombola dans ce contexte de lutte pour la terre.

Le mouvement associatif et le développement local en Kabylie  : un construit du capital social
Lilia Lamrani

Les communautés kabyles ont acquis depuis les temps anciens un réel capital dans les pratiques du développement local grâce aux initiatives de type endogène et souvent informel. Cet esprit de solidarité se manifeste encore aujourd’hui au sein d’associations formelles qui ont une identité juridique aux yeux de l’État algérien. En dépit d’un contexte socio-économique difficile et de conditions défavorables à l’émergence d’une culture du bénévolat, des associations ont pu devenir de vrais espaces de partage et d’apprentissage collectif grâce non seulement à l’ancrage dans cette culture mais aussi aux liens noués avec différents acteurs. Nous étudierons ce rôle du capital social dans le dynamisme du mouvement associatif à travers le cas de l’association Étoile culturelle d’Akbou de la vallée de Soummam.

Quand la culture se décline au collectif  :
théâtre, danse, cinéma

Création collective. Le projet 100FEMMES
Àngels Aymar i Ragolta

100FEMMES est un projet de théâtre international inédit qui a pour objectif ultime de montrer comment l’art peut unir les gens et établir un dialogue entre les pays, encourager les rencontres et les échanges entre les femmes dans le monde entier. La création artistique permet de surmonter toute sorte d’obstacles et sert d’outil pour faire vivre des expériences qui développent les émotions et changent les perceptions. Le but de 100FEMMES est de rejoindre les nombreuses initiatives qui tous les jours montrent que la diversité des façons de penser, de faire et de vivre n’est pas un obstacle à l’existence d’espaces de partage et qu’à partir de chapitres de vie individuelle on peut créer des histoires collectives.

Pratiques collectives à Madrid dans le milieu artistique
et culturel
Delphine Chambolle

L’impact de la crise de 2008 en Espagne a été particulièrement fort et a donné lieu à d’importants mouvements sociaux, le plus connu étant celui du 15 mai 2011, nommé mouvement des Indignés. Le contexte économique difficile a entraîné de nouvelles formes d’organisation pour lutter contre le désinvestissement de l’État, contre l’inégalité, la précarité, la corruption. Dans les domaines culturel et artistique, le manque de subventions publiques mais également le souhait de se dégager d’une tutelle politique ou d’une obligation de réussite, d’une justification, donnent naissance à de nouveaux lieux culturels, gérés de manière autonome sous forme de collectifs, comme le Campo de Cebada situé dans le quartier de La Latina, au centre de Madrid, et le Teatro del Barrio dont l’apparition est directement liée au mouvement du 15 mai dont il est question dans ce texte.

L’évolution du concept de groupe dans le théâtre la Candelaria de Bogotá
Catalina Esquivel

Ce texte traite de l’évolution du concept de groupe au sein du théâtre la Candelaria de Bogotá, une troupe qui travaille collectivement depuis plus de cinquante ans. La question du collectif est indispensable pour comprendre le parcours théâtral de la troupe, notamment au début du XXIe siècle alors que l’expérience de création en groupe avait déjà une longue histoire. Cette étude s’appuie sur les références qui ont guidé le groupe dans ses recherches et dans sa propre réflexion sur le collectif et notamment sur le Temps des tribus de Michel Maffesoli (1988). On peut découvrir que tout au long des années les pratiques collectives de la Candelaria sont devenues, bien plus qu’une méthodologie de création, une attitude particulière face à la vie et au théâtre.

Les balètis sauvages sont-ils sauvages ? Étude comparative
de trois bals à Montpellier, Nice et Turin
Alice Champollion

Ce texte analyse, selon une approche comparative et transnationale, le phénomène des bals spontanés, balèti en occitan, qui naissent nombreux en diverses occasions publiques ou privées, à travers trois expériences vécues  : le balèti du jeudi à Montpellier, le balèti sauvage à Nice et la Marmelada d’òc à Turin. En mettant en relation les différences et les ressemblances des trois événements, le texte met en lumière leur caractère autonome et non hiérarchique, non-marchand, populaire, social et culturel.

Trois collectifs de cinéma latino-américain à l’heure des catastrophes
David Jurado
En plein essor du «  nouveau cinéma latino-américain  » et au moment où était en acte une escalade de violence d’État pour contenir des mouvements populaires lors des manifestations de 1968, trois collectifs ont laissé un portrait cinématographique emblématique d’une époque de bouleversement social  : l’argentin Cine de la base, le chilien Tercer año et la brigade étudiante du centre universitaire d’études cinématographiques de l’université nationale autonome du Mexique. Ce texte analyse la façon dont ils se sont constitués en tant que collectifs et les pratiques du collectif en jeu au moment de leur création.
De l’usage collectif du Web
Les espaces gris  : à propos de lieux partagés.
Autoréflexion comparée des collectifs CONDO et BLANK
Alessandra Giro et Francescopaolo Isidoro
CONDO, magazine en ligne contributif et thématique, et BLANK, projet d’expérimentation artistique lancé par l’association théâtrale 99MQ, sont deux collectifs artistiques italiens qui se posent le problème de l’utilisation partagée de l’espace. Dans ce texte, les deux collectifs artistiques comparent leurs expériences d’utilisation de l’espace tout en réfléchissant à leurs dynamiques internes, aux problématiques et aux limites objectives de leur action. Cette analyse comparée a pour objectif de détecter les stratégies collectives utilisées dans la relation avec et dans l’espace, réel et virtuel ; le but est de faire émerger l’efficacité (mais aussi l’inefficacité) des modes d’action adoptés par les deux collectifs pour dépasser et contourner les limites posées par les contingences territoriales, culturelles, économiques et politiques.
Wu Ming met les mains dans le cambouis
Irene Cacopardi, Isabelle Felici, Marta Massel
et Wu Ming 2
Ce texte est la retranscription d’une intervention de Wu Ming 2 sur la pratique de l’écriture collective et d’une interview menée par des étudiants de licence d’italien à l’université Paul-Valéry de Montpellier, encadrés par Irene Cacopardi et Isabelle Felici. Il porte sur certaines expériences italiennes qui l’ont promue, comme la Scuola di Barbiana de Don Milani ou le groupe de Scrittura Industriale Collettiva et s’interroge sur les défis et les difficultés d’une telle production, ainsi que sur ses stratégies, ses significations et ses retombées politiques. Il y est aussi question des «  collectifs élargis  » qui se forment autour d’un collectif de narrateurs, en construisant ainsi une communauté plus vaste de lecteurs-écrivains-critiques, engagée sur différents médias, afin de «  raconter des histoires par tous les moyens possibles  ». Le texte se décrit enfin sur un projet mené par les mêmes étudiants, encadrés par Marta Massel et Isabelle Felici, intitulé «  Connaissez-vous Wu Ming ?  », présenté lors de l’édition 2016 de la Comédie du livre de Montpellier.
Dans le sillage de Wu Ming  : collectifs d’auteurs et écriture collective dans l’Italie contemporaine
Estelle Paint 223
Depuis la parution en 1999 de son premier roman, Q, alors publié sous le pseudonyme Luther Blissett, le collectif d’auteurs italiens Wu Ming compte à son œuvre de nombreux ouvrages. Le succès littéraire et commercial de ces œuvres d’une part, et ce modèle singulier et durable d’autre part, ne manquent pas de susciter des interrogations (origine, fonctionnement, résultats). À partir et autour du cas exemplaire de Wu Ming, nous interrogeons le statut de l’auteur lorsqu’il est multiple, en concentrant notre attention sur différents modèles collectifs qui se sont épanouis en Italie dans le sillage de Wu Ming, de Kai Zen à la SIC, Scrittura Industriale Collettiva, en passant par Mama Sabot, mais aussi le Groupe des Dix précédemment.
Mouvements sociaux alternatifs
Pratiques collectives et sentiment égalitaire
dans l’engagement militant de Lotta continua
Elisa Santalena 241
Le groupe extraparlementaire de Lotta continua est surtout connu par le périodique homonyme et par les événements liés à son chef charismatique Adriano Sofri, condamné en tant que commanditaire présumé de l’homicide du juge Mario Calabresi. On sait moins que l’organisation a donné naissance à plusieurs groupuscules fonctionnant sans rapports hiérarchiques et poursuivant des buts sociaux  : c’est le cas de la Commissione carceri, liée au monde carcéral, et du journal Mo’che il tempo si avvicina, qui s’intéressait aux populations défavorisées du sud de l’Italie. Ce texte se penche sur les buts politiques de la Commissione carceri et de la rédaction de Mo’che il tempo s’avvicina, mais aussi sur leur proposition de modèles sociaux alternatifs, favorisant l’émancipation sociale de ces prolétaires détenus dont personne en Italie ne s’était jusque-là occupé.
La Plateforme des victimes du crédit immobilier  :
un combat citoyen pour le droit au logement
et la protection contre l’expulsion forcée
Orlando Manzano Guerrero
Suite à la crise économique et financière qui a plongé l’Espagne dans la récession au cours de l’année 2008, nombreuses ont été les répercussions socio-économiques ayant eu un impact négatif sur le niveau de vie de la population espagnole. Créée en 2009, la Plateforme des victimes de l’hypothèque, un collectif regroupant des personnes expulsées de leur logement ou menacées d’expulsion, ainsi que leurs sympathisants, mène un combat citoyen dans les rues, les places et les logements vides, mais aussi au cœur même des organismes financiers et des institutions politiques locales et nationales. Ce texte apporte des pistes de réflexion permettant de saisir les principaux traits qui caractérisent ce collectif  : l’identité des agents mobilisés, les formes d’organisation mises en place, les revendications et les répertoires de protestation utilisés. Il interroge également les résultats obtenus par le groupe et leurs répercussions immédiates sur les stratégies de mobilisation.
La maison de la résistance à la poubelle nucléaire de Bure
Sébastien Bonetti 279
L’énergie nucléaire est en France un rouleau compresseur, imposé à la population au sortir de la Seconde Guerre mondiale. De plus en plus contestée dans ce pays «  champion du monde  » de sa dépendance vis-à-vis de cette énergie, elle tente de survivre en affirmant qu’elle a enfin trouvé la solution idéale pour la gestion des déchets qu’elle produit. L’État, via l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs, envisage d’enfouir les déchets nucléaires les plus radioactifs à Bure, en Lorraine. Ce texte est consacré à l’opposition qui, face à ce monstre, s’est levée dans les années quatre-vingt-dix et notamment à la Maison de résistance construite en 2004. «  Résistance  », un terme qui résonne chez les habitants de cette région ayant connu deux guerres mondiales durant le XXe siècle. Un terme qui résonne dans le cœur et l’esprit de toutes celles et tous ceux, des centaines chaque année, qui s’y rencontrent, y échangent, y inventent de nouvelles façons de vivre, autonomes, collectives, émancipatrices. Voilà pourquoi la Maison de résistance est si précieuse, et si fragile. Et voilà pourquoi c’est une cible clairement affichée de l’État et de la police.
Diversité des pratiques collectives et communautaires
Vivre en communauté pour la transmission d’un projet social et écologique
Manon Hinz
Ce texte étudie trois expériences actuelles et de longue durée (minimum 20 ans), dans trois pays différents  : la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, des communautés qui mettent en pratique une autre manière de vivre avec notre environnement social et naturel et qui réussissent à vivre en groupe autogéré et à favoriser un fonctionnement interne qui élimine toute autorité. Le texte interroge la vie en communauté comme solution face aux défis écologiques et invite à penser l’écologie par le biais des pratiques collectives. À travers leur expérience de vie, les communautés appellent au dialogue, d’une part entre les individus du collectif eux-mêmes, d’autre part entre le collectif et les acteurs extérieurs. Pour ouvrir leur projet vers l’extérieur les initiatives sont multiples et leur mise en place témoigne de l’évolution du projet en lui-même et de l’évolution du groupe.
Les fleurs des communardes. Urupia 1995-2018
Thea Venturelli
Ce texte raconte, par la voix d’une personne qui en fait partie depuis sa fondation, l’expérience de l’école libertaire née au sein de la commune libertaire Urupia, créée en 1995. Cette école, qui fonctionne depuis 2014, est aussi ouverte aux personnes extérieures à la commune. Elle représente ainsi à la fois une opportunité de développement collective pour le groupe des communardes, mais aussi une possibilité d’échange élargi avec de nombreuses personnes qui ne font pas partie de la communauté.
Le CAD et les pratiques culturelles libertaires à Montpellier
Isabelle Felici
Dans ce texte sont retracées les pratiques culturelles libertaires qui, depuis les années quatre-vingt, ont conduit à la création à Montpellier, du Centre Ascaso Durruti. Ce centre culturel s’est donné une double mission  : conserver la bibliothèque de Diego Camacho (connu sous le nom d’Abel Paz pour sa bibliographie de Durruti), principalement centrée sur la révolution espagnole et les mouvements anarchistes, et, selon les statuts de l’association créée en 1996, «  développer l’étude et la connaissance de l’expression, sous toutes ses formes, par l’intermédiaire de toute activité à caractère scientifique, culturel, artistique, social, corporel, et promouvoir l’éducation populaire  ». Le texte a pu être élaboré grâce aux témoignages et documents fournis par les membres, anciens et récents, du CAD.
Les auteur·e·s