Ceux-là, à une époque, on pouvait les écouter, on savait que ce qu’ils disaient collait à la société, représentait quelque chose pour les « opprimés ». Mais maintenant, en 1992 bientôt, alors que l’Europe va se faire, que l’Est lorgne de plus en plus sur le capitalisme (et si possible le plus sauvage qui soit), que les nationalismes remontent comme des odeurs nauséabondes des égouts qu’ils n’ont jamais quittés, que l’antisémitisme (en Pologne et ailleurs) prend sa source dans le peuple, que disent nos manuels d’anarchisme ? A force de les feuilleter, de les corner, on a du perdre la page... On a eu de belles envolées de Bakounine sur le communisme : où est-il celui-là ! Est-il seulement soluble avec l’alcool, ou avec le capitalisme ? Bref, on n’a peu d’idées neuves, si ce n’est des « on vous l’avait bien dit » :on s’en sortira toujours avec des phrases comme celles-là, Nostradamus est avec nous !
On a bien essayé, on a voulu creuser un peu plus les choses. Mais maintenant, cela ne suffit plus : il faut aller plus loin ou s’y prendre autrement. Il manque cette réflexion actuelle, on n’est pas nombreux, on manque d’énergie, de sang neuf : depuis quelques années, IRL a été porté à bout de bras par trois personnes et quelques collaborateurs qu’on remercie pour leur opiniâtreté. La presse libertaire est vaste, mais basée esseltiellement sur des regroupements politiques ou syndicaux (à l’exception de Noir et Rouge avec qui nous avons fait un bout de chemin ensemble) et nous sentions qu’IRL avait une place originale dans la presse libertaire, ceci n’est peut-être plus vrai aujourd’hui. Nous avons continué parce que nous pensions que le jeu en valait la chandelle et aussi parce que nous avons été sans cesse soutenus et aidés par nos lecteurs. Et si nous avions des coups de déprime (quand notre composphère était en panne, que nous avons été vidé de notre local « historique » de la rue Pierre Blanc), les réabonnements et les abonnements de nouveaux lecteurs nous redonnaient du baume au cœur.
D’autre part, nos évolutions personnelles, nos tempéraments, nos envies se modifient au fil du temps...
Alors, après quelques années de routine, et suite à une petite soirée conviviale que nous avons passé ensemble, nous vous annonçons que vous tenez entre vos mains le dernier numéro d’IRL.
Pourquoi ? Surtout pour réfléchir sur une nouvelle formule, un nouveau contenu qui pourrait nous redonner l’envie et le plaisir de produire un instrument d’échanges et d’informations...
Sur ce qui sera cette nouvelle aventure, il est trop tôt pour vous en parler. Nous en discutons et, dès que le projet sera plus clair, nous ne manquerons pas de vous en tenir informés.

L’AVENIR EST TOUJOURS DEVANT NOUS !

Alain, Jean-Marc, Mimmo

 PS : Nous remercions encore une fois tous ceux et celles qui ont permis la sortie des 89 numéros d’IRL.

 RePS : Pour ceux et celles qui se sentiraient un peu « orphelins », ils peuvent toujours se procurer la presse libertaire dans les librairies du mouvement et continuer à maintenir des contacts avec nous.