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Guide érotique du Louvre et du Musée d’Orsay
LE CANARD ENCHAINE, mercredi 29 juin 2005

Fesses
(Contemplation recommandée des)

"Guide érotique du Louvre et du musée d’Orsay"
par Jean-Manuel Traimond
(Atelier de création libertaire)

A force d’enchanter ses auditeurs avec ses épastrouillantes visites du « Naughty Louvre », il fallait bien que Traimond, guide anar, graphomane et picdelamirandolien, auteur entre autres de remarquables « Récits de. Christiania » se jette sur sa plume, qu’il a frétillante. C’est chose faite, d’où cet exquis guide indécent, jamais balourd quoique entièrement porté sur la chose et sobrement illustré (une cinquantaine de photos d’Ernesto Timor, des dessins d’Aladdin).

Pour qui sait voir, le Louvre regorge en effet de tableaux ambigus, sculptures sensuelles, bronzes explicites, représentations camouflées de pratiques tous azimuts (homosexualité, inceste, masturbation, etc.). On peut y dénicher des calembours visuels, ainsi dans le fameux « Verrou » de Fragonard : « Regardez les deux oreillers côte à côte : vous y verrez une puissante paire de seins. Regardez les plis à droite du rideau rouge : vous verrez les grandes lèvres d’une vulve géante. Le même rideau, à gauche, pend en adoptant la forme d’un pénis colossal. » Il suffit d’avoir l’esprit aussi mal tourné que le peintre...
On peut aussi tomber en arrêt, dans la belle salle des Caryatides, sur « le plus beau derrière féminin du musée », qui repose sur un matelas sculpté par le Bernin, en faire le tour, et découvrir un discret et bandant attribut : il s’agit d’Hermaphrodite en personne. Admirer le visage égrillard du satyre d’un marbre signé James Pradier qui « choqua la critique et ravit le public » en 1834. Et, grâce aux goûteuses digressions de l’auteur, apprendre que l’épouse de ce Pradier fut une gourgandine magnifique qui compta Dumas fils parmi ses nombreux amants.
A Orsay, on peut, entre autres, s’extasier devant la « Femme piquée par un serpent de Clésinger, « sculpteur bougon et lassé de l’obscurité », qui au Salon de 1837 « résolut de présenter une œuvre à l’extrême limite de l’acceptable » : il moula sur le vif et dans une pose extatique Apollonie Sabatier, modèle qui avait « un pied charmant dans le demi-monde, un autre dans le monde », et inspira Baudelaire pour son « Harmonie du soir ». La piqûre de serpent ne trompa personne... A l’heure de l’étalage mercantile des. corps (pub, télé, médias), cette visite guidée nous rappelle la beauté intrinsèque du plaisir amoureux, sa gratuité, son évidence. De l’art ou du cochon ? De l’art...

Jean-Luc Porquet

144 p,. 16 €, www.atelierdecreationlibertaire.com
Pour accompagner la visite, lire aussi « La passion de séduire » (Gallimard) : Verena von der Heyden-Rynsch y retrace l’histoire de la galanterie en Europe, d’Aspasie, hétaïre athénienne que Périclès finit par épouser, à Paul Morand, vu comme l’« ultime représentant de la galanterie de la Belle Epoque ».