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Déraisons du monde
SILENCE n° 334 - Avril 2006
Le sous-titre de ce petit livre est « variations critiques autour de quelques rengaines : croissance, développement, productivisme, etc. »". Dans une série de petits textes, l’auteur ouvre de nombreuses pistes de réflexion sur des sujets qui nous sont chers. « Notre mode de vie, incertain de son avenir, sent vaciller ses fondements que sont l’emploi et la consommation pour tous. Aujourd’hui ceux-ci ne sont plus perçus comme durables. A cela s’ajoute l’anxiété écologique. Aussi faut-il, afin de conjurer cette peut diffuse, faire durer le système : trouver l’emploi durable ,l’insertion durable, la famille durable, la croissance durable, le développement durable. Ce type de développement est le révélateur de la peur que ’’ca ne puisse plus durer’’. » (p.11)
Nos erreurs de raisonnement viennent peut-être de la notion de progrès qui sous-entend que nous devons sans cesse progresser : « En matière de développement, la notion de projet est omniprésente. Elle sous-tend l’engagement d’un collectif (...) ayant pris conscience de la nécessaire élaboration de son devenir, du devoir de construire son histoire pour prétendre rester dans l’Histoire. (...) Le projet s’érige alors en technique existentielle, disciplinaire (...) au devoir de construire techniquement son existence, c’est-à-dire a la faire croître, objectif après objectif. (....) Voici une forme de bourrage de crâne prônant les vertus d’un modèle technique pour toutes les dimensions de la vie. La notion de développement a même atteint la vie privée de l’individu. On parle alors volontiers de développement personnel. L’existence, pour être réussie, doit intégralement être mise en projets (...). Demain doit être mieux qu’aujourd’hui, ainsi nous aurons davantage de richesses, de choses, de pouvoir, de productivité, de compétences, de loisirs, de plaisirs... Cette façon de vouloir faire capitaliser (le mot est a la mode) l’histoire appartient à l’idéologie du progrès matériel et de la croissance économique (...) Il s’agit la d’une tentative tentaculaire, implicitement totalitaire, de discipliner toutes les dimensions de l’existence par leur. Programmation » (p.24 et 25). Il rejoint là les critiques faites par Jean-Claude Besson-Gérard dans Decrescendo Cantabile (présenté dans le numéro 330).
Pour sortir de cette fuite en avant, l’auteur propose de s’appuyer sur les marges où des recherches portent sur l’assujettissement de l’économie à la culture et non l’inverse (p.42). Il propose également de revoir notre rapport avec la nature (p.48) et de nous ensauvager car le système actuel a besoin de nous détacher de la nature pour nous exploiter et pour l’exploiter.
Enfin, il prône un changement de conscience : « transformer les
consciences suffisamment profondément pour que chacun devienne a l’intérieur ce qu’il souhaite voir changer dans le monde extérieur » (p.52). Cette désoccidentalisation de la pensée a pour lui un prédécesseur : Henry-David Thoreau qui au-delà de la désobéissance civile a aussi cherché à vivre en harmonie avec la nature.
M B.
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